dimanche 25 août 2013

Chez ma psy...

Je suis rentrée perplexe de ma dernière séance chez la psy. Très perplexe. Tellement, que je suis sortie de son cabinet en me disant : "Faudrait que j'écrive un billet là-dessus." Mais que je n'ai pas réussi à le faire. Je m'y essaye, mais sans être certaine que ça donnera quelque chose.

Lorsque j'ai pris contact avec elle, au mois de janvier dernier, j'ai clairement annoncé la couleur :
Je venais parce que je n'arrivais plus à concilier mon désir (contrarié) d'enfant et le reste. J'avais pourtant l'impression de gérer. Mais un jour, en rentrant du boulot, je m'étais mise à pleurer, pleurer, pleurer, sans pouvoir m'arrêter. Alors j'avais été voir mon généraliste, qui m'avait adressé à elle. 

Bref, ce n'est pas censée être une surprise pour elle lorsque j'évoque...
- le désir d'enfant.
- l'absence d'enfant. 
- les cycles
- les protocoles. 
- le sentiment de vide.
- la peur d'un avenir sans enfant.
(Et, bien sûr, le boulot...)

Pourtant, la dernière fois que nous nous sommes vues, elle a eu des réflexions pour le moins... inattendues.
Alors que je peinais à mettre des mots sur mes sentiments, que je m'entendais dire : Sans enfant... quel sens aurait "tout ça" ? Je l'ai vu faire une petite moue. Je me suis donc arrêtée... 
Elle a fini par m'expliquer : Je pensais aux gens qui n'ont pas d'enfants. Je ne crois pas que leur vie soit dépourvue de sens.  
Certes. Mais... comment vous dire : N'allez pas croire que je sois en train de porter un jugement sur la vie des gens sans enfants ou de condamner ceux qui décident de ne pas en avoir. Les choix des autres ne me regardent pas. J'essaie simplement d'expliquer comment, moi, confrontée à cette difficulté, je ressens les choses. Je me suis donc entendue me justifier, me défendre d'avoir exprimé mes pensées, telles qu'elles se présentent.

Le reste de la séance n'a pas été plus satisfaisant. 
Sentiment désagréable de vouloir aller dans un sens et d'être entraînée dans l'autre. 

Jusqu'à présent, je l'avais trouvée très bien. 
A l'écoute, mais pas complètement silencieuse. 
Très sérieuse, mais malgré tout malicieuse. 

Aujourd'hui, je m'interroge : 
Est-ce normal d'être en colère contre sa psy ?
Puis-je continuer à me confier sur mes angoisses, tout en me demandant : Mais elle, en a-t-elle des enfants ? Si oui, quelle relation a-t-elle avec eux ? Et dans le cas contraire, est-ce par choix ? Est-ce par "circonstances de la vie", pour reprendre l'expression de Catherine-Emmanuelle Delisle ?
Et si ce sentiment de colère perdure, puis-je me passer d'elle, malgré la reprise du boulot ?

Le mieux serait peut-être que je lui en parle... 
En termes choisis, naturellement. 


20 commentaires:

  1. Bien que je ne sois pas une spécialiste, il me semble qu'il est normal d'éprouver ce genre de sentiments chez un psy. Puis, en fonction de la façon dont elle s'exprime, je pense que c'est plutôt sain d'être en colère.
    Mais apres tout, on s'en fout puis la "normalite" ne veut pas dire grand chose, la seule question qui vaille c'est savoir si cela te fait du bien, dans le long terme. Si la reponse semble etre positive, alors cette etape fait juste partie du chemin...
    Bon courage !

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    1. Merci d'avoir pris la peine de réfléchir à mes questions !! Effectivement, je dois essayer de voir sur le long terme. Donc ne pas m'arrêter au ressenti d'une seule séance. Je vais donc faire "comme si de rien n'était"... Il sera toujours temps, dans quelques semaines, de me (re)demander si la voir me fait du bien. Bisous !!

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  2. Bonjour!
    Je te lis depuis un moment déjà et me permets d'intervenir ce soir... Peut-être ta psy voulait dire par là qu'il ne faut pas attendre d'un enfant qu'il donne un sens à ta vie - parce que c'est beaucoup demander à une petite personne ;-) Qu'en penses-tu?

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    1. Bonjour Nuelle ! Ravie que ce billet t'ait donné envie de laisser un petit mot. Je ne sais pas vraiment ce que ma psy avait en tête quand elle m'a fait cette remarque. Mais une chose est sûre : je suis parfaitement d'accord avec toi, sur le fait qu'on ne devrait pas faire peser une si lourde responsabilité sur un enfant. Avant de me découvrir infertile, c'était une de mes grandes revendications : je voulais des enfants. Mais je ne voulais pas que mon bonheur soit conditionné à leur existence. Ce que je découvre de moi, dans ces mois de galère, me fait peur. Je suis ce que je ne voulais pas être, alors même que je ne suis pas encore mère.
      Merci encore pour ton petit commentaire, qui me permet de faire le point sur un sujet bien complexe. :)

      Ps : Et merci de me lire !!

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  3. J'ai toujours entendu dire que c'était difficile de trouver le bon psy, celui qui nous écoute et nous répond comme on l'attend. J'avoue ne pas trop comprendre sa réponse, elle n'est pas aidante vis à vis de ta douleur. Peut être que te faire penser aux gens sans enfant était censé te faire évoluer et que les mots étaient mal exprimés. Elle aurait plutôt dû te tourner la phrase en te demandant si tu penses que les gens sans enfant ont une vie moins plaisante, en questionnant plutôt qu'en commençant sa phrase par "je crois que"...
    Dans tous les cas si tu ne ressens pas l'envie de continuer avec elle, écoutes toi !
    Des Bisous !

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    1. S'écouter, c'est vraiment le maître-mot. Pas toujours facile, mais essentiel. Tu fais bien de me le rappeler. Des Bisous, Madame Hiberne !!

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  4. Moi aussi je n'aurais pas aimé sa remarque.

    On SAIT que l'enfant n'est pas là pour donner un sens à notre vie.
    On SAIT qu'il y a des gens très heureux sans enfants.

    Mais là on ne parle pas de ça, on parle de notre souffrance de ne pas réussir à devenir mère, et elle c'est simple, elle ne comprends pas...

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    1. Ce que tu dis me rassure. C'est tout à fait ça : on SAIT. Mais ça ne suffit pas pour cesser de RESSENTIR. C'est déjà suffisamment compliqué de ressentir des choses de ce type (dont je ne suis pas forcément fière)... Si en plus ma psy m'écoute avec une moue dubitative, je ne suis pas sortie de l'auberge !!

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  5. aie aie aie... pas cool, pas aidant... ca me rappelle la mienne à qui je parlais de cette crainte et qui m'a répondu qu'il y a des couples qui n'ont pas ou ne peuvent pas avoir d'enfant. Oui merci, je sais. Et c'est bien pour cela que je flippe... la réponse attendue n'est pas de nous faire encore plus peur, mais de nous permettre de nous vider de nos angoisses les plus profondes et les plus légitimes. Dis le lui... cela pourrai peut etre t'aider. des bises

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    1. A vrai dire, je ne sais pas si je serai capable ou non de revenir sur ce qui s'est dit lors de la dernière séance. Je ne sais pas non plus si j'en aurai l'envie. Mais une choses est sûre : c'est rassurant de voir que, toi et les autres, vous comprenez ma perplexité... Je me dis que je ne suis pas la seule à penser, réagir ainsi.
      Merci à toi d'avoir laissé un petit mot. J'espère que tu vas mieux... Des Bises.

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  6. J'ai moi-même fait une thérapie. Pour des raisons différentes des tiennent mais peu importe. je rejoins un peu Madame Hiberne. Je suis très étonnée de la tournure de la phrase de ta psy "je ne crois pas que ..." Limite j'aurai envie de dire, on s'en fout un peu de ce qu'elle croit. Ce qui est important, c'est de savoir ce que toi tu crois, pourquoi tu le crois, et peut-être s'il n'y a pas une autre façon de voir les choses ... On dirait qu'elle est un peu sortie de son rôle ... voire, peut-être s'est-elle sentie visée ? effectivement a-t-elle des enfants ? En attendant, je ne comprends pas bien sa démarche, car l'important est que "pour toi", une vie sans enfant est une vie "inutile". Tu as entièrement le droit de le penser et de le ressentir. Pour finir, il est important d'avoir confiance en son psy. La mienne m'a parfois très chamboulée, ne m'a pas toujours ménagé (mais c'était nécessaire), mais je n'ai jamais été en colère contre elle, et je ne me suis jamais sentie jugée... et je crois que justement c'est un point essentiel... si à l'avenir, tu ne peux plus de livrer complètement, dire exactement ce que tu ressens vraiment parce que tu as peur qu'elle te ressorte un "je crois que...", le travail sera dur à faire ... Enfin, je te livre ma propre réflexion, je ne suis ni psy, ni experte en la matière... des bisous

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    1. Merci à toi d'avoir pris la peine de développer ton avis sur la question. Tu précises que tu n'es "ni psy, ni experte". Tant mieux. Je voulais justement savoir ce qu'en pensait celles qui se trouvent (ou pourraient se trouver) à la même place que la mienne. Ton commentaire met le doigt sur un point intéressant : la question du jugement. Ai-je l'impression d'être jugée ? Ou questionnée ? J'essaierai d'être attentive à ce point-là, la prochaine fois. Merci. Des Bises. (Ps : Et bien sûr, je croise pour toi ! ^^)

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  7. En psychanalyse, on dirait que tu fais un tranfert sur ta psy. Parfois, ça se manifeste par un amour débordant (moi avec la mienne), parfois par de la colère, du rejet. C'est un phénomène normal toujours d'après,les psys). Après, ta psy est humaine, elle réagit aussi avec son bagage personnel. Mais tu sais tu peux lui en reparler lors de la prochaine séance de cet épisode, lui dire que ça t'as... mise mal à l'aise. Et si vraiment le courant ne passe pas, il ne faut pas hésiter à changer. parce que comme le dit Boule de Mousse, on ne doit pas se sentir jugée. Biz

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    1. J'avais envisagé le contre-transfert ("Peut-être qu'elle ne gère pas bien son contre-transfert, cette dame !"), mais pas l'inverse (Comme c'est curieux !). Mais effectivement, comme tu dis : elle est humaine. C'est aussi pour cela que j'hésite à lui en reparler. Est-ce vraiment la peine ? On verra bien : de toutes façons, la plupart du temps, quand j'ai qq chose en tête en début de séance... ça finit toujours par sortir ! Merci à toi pour tes conseils. :)

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  8. j'ai la chance d'avoir pu trouver une psy qui ne porte aucun jugement... je crois qu'elle n'a jamais utilisé des formules du genre "je crois" ou "je pense"... je pense que si c'était le cas, j'aurais le même sentiment que toi et que ça casserait quelque part toute la confiance que j'ai en elle.
    j'aurais tendance à te dire de retenter 2/3 séances avec elle, voir si cette colère persiste, si elle t'empêche de te livrer complètement, et si c'est le cas, ne pas hésiter à changer.

    Bises!

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    1. Merci pour ton "témoignage" et ton ressenti, Cé. ça me semble être une bonne façon de faire. Me laisser le temps de voir. Peut-être, si j'ose le faire, lui en reparler. Et dans le cas contraire... arrêter et faire les boutiques avec les sous économisés !! ^^

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  9. Effectivement, il y a de quoi être perplexe après une telle séance.
    Je suis d’accord avec Griboullette, si tu y vas, c’est pour parler de TA souffrance, pas du reste du monde !!
    A toi de voir si tu te sens à l’aise avec elle ou si cette séance a cassé la dynamique des échanges.
    Des bises !

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    1. C'est ça que j'aurais dû lui répondre : "Oui, bon. Vous êtes bien gentille, mais... si on parlait de MOI. Parce que présentement, c'est MOI-MEME, qui m'intéresse !" ^^
      Pour sûr, je penserai à vous toutes en allant à la prochaine séance !! ;)

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  10. Je comprends ton ressentie, j'ai moi même eus un sentiment de colère envers une psy il y a des années de cela (rien avoir avec l'infertilité).
    Je crois qu'il faut qu'il y ai un feeling particulier, une relation de confiance, et d'écoute de la part du psy.
    Ta psy est à côté de la plaque, elle a du mal à voir les nuances.
    Quelqu'un qui ne veut pas d'enfant, c'est un choix, ils le vivent très bien, puisqu'ils l'ont choisi. Pour les couples infertiles, c'est différent, ce n'est pas un choix, nous sommes en droit de nous poser certaines questions. Cela me parait logique, et légitime.
    Bises

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    1. Je dirais même plus : non seulement on est "en droit" de se poser certaines questions, mais... elles s'imposent à nous, ces questions !! Merci à toi de ton passage sur ce blog et d'avoir pris le temps de me donner ton ressenti. Des Bises.

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